Le triptyque Blanc est composé de trois œuvres : « O », « neige (Is this desire ?) » et « Sans titre (Acromorphose) ».
Au début du début il y a l’indicible émotion de la matière, un vieux torchon reprisé/déchiré, utilisé chiffonné. Blanc.Puis des quantités de vêtements et draps anciens qui arrivent dans l’atelier, familiers et étrangers, porteurs de leur propre histoire, précieux et triviaux, ayant vécu.
L’envie des mains de tripoter, emberlificoter, caresser, couturer, éprouver. J’expérimente je noue je couds je découds je dénoue j’assemble, je les mets sous le pluie la neige le vent, dans le lavoir le savon et les arbres. Je ne peux plus m’en passer. Geste répétitif irrépressible :
« Descendre en soi jusqu’à s’installer dans le lieu de sa chair tendre (l’intime monstruosité qui est richesse, mais en aveugle)
le geste primaire fragile de soi à soi comme de l’enfance ou de la solitude
malaxer quelque chose
ce n’est pas de l’intériorité sublimée mais de l’intime, avec ce que cela suppose de fluides, sécrétions, tendresse de la chair, silence imbécile et sous-marin caché et fertile (les odeurs de l’intérieur du corps).
Malaxer et à un moment émerge la juste voix, de ce silence (émerge ou transparaît)
Qui est nécessairement brute et subtile. Nue. »
Le geste infini, la minutie sauvage, de coudre et coudre encore, fil blanc coupé avec les dents, et tout se relie et remue. Je plonge en aveugle dans les résonances : les mille générations passées et futures, la durée hors temps de ce présent, le blanc couleur du débutant et de l’aspirant à-, mémoire/oubli, silence, neige, gestation, lente transformation.
Le dialogue des trois pièces. Matière-émotion. Présence. Immédiat-intemporel.